Culture, Général

Turquie Un pont entre deux mondes de Zeynep Ersan Berdoz

Ce pays  à la porte de l’Europe et l’Asie, aux multiples visages, à l’histoire dense et passionnante renferme de nombreux mystères. La Directrice stratégie et développement Zeynep Ersan Berdoz du quotidien suisse Le Temps propose en quelques pages essentielles un éclairage précieux sur l’âme de ce pays. Cet ouvrage Turquie Un pont entre deux mondes, aux éditions Nevicata de petit format qui tient dans une poche, n’est pas un guide. Il mène à s’interroger sur ce territoire influent au cœur de l’actualité à l’ère des dérives d’Erdogan et des prochaines élections en juin 2023. Ce récit mêle l’histoire, la connaissance du peuple turc et du jaillissement de ses minorités, l’islam et le modèle d’occidentalisation…

Un pont entre deux mondes est une mine d’Informations et de connaissances utiles pour les voyageurs, mais aussi pour tous ceux et celles qui souhaitent comprendre le monde qui les entoure. Le récit est suivi d’ entretiens avec Jean-François Colosimo, Aysgül Yaraman et Metin Arditi.

L’auteure…

Zeynep Ersan Berdoz Journaliste, actuellement Directrice stratégie et développement du quotidien helvétique Le Temps a un encrage fort en Turquie. Elle est née dans la capitale à Ankara dans l’Anatolie Centrale. Arrivée enfant en Suisse avec sa famille, elle a fait des études de sciences politiques à Lausanne. Elle est l’auteure de plusieurs guides pratiques. Elle est membre de Reporters sans frontières liberté d’informer et être informé partout dans le monde.

Ce qu’a aimé Color my Geneva

L’auteure réussit avec Un pont entre deux mondes à faire sentir l’âme de la Turquie et la mélancolie (hüzün) du peuple. Elle met l’accent sur le tiraillement entre la tradition musulmane et le modèle occidental. En quelques pages, le lecteur appréhende la richesse de l’histoire foisonnante écartelée entre Orient et Occident,  la force de son identité multiple, les complexités d’un pays de plus de 780 000 km2 avec 7 000 km de côtes.

Le célèbre écrivain suisse Metin Arditi né en Turquie apporte, dans l’entretien final, un éclairage sur cette civilisation plurielle. Il compare un peu la Suisse au modèle Ottoman. « Très souvent j’entends des étrangers dire « Les suisses sont froids à notre égard ». Or, il y a un style helvétique qui est retenu, c’est ce style qui permet cette cohabitation des langues, des religions, des cultures dans une paix totale. La distance est un signe de maturité, leben und leben lassen… « Vivre et laisser vivre ! ». Les turcs et les ottomans étaient dans cette logique. Ils ont conquis des territoires et laissé vivre les populations, ils ne considéraient que les rentrées d’argent. »…

Color my Geneva vous conseille avant de partir en Turquie et parfaire vos connaissances géopolitiques Un pont entre deux mondes pour appréhender avec justesse ce grand pays à moins de 3 heures d’avion de la Suisse.

Un extrait…

« La Turquie s’est nourrie de ses héritages multiples. Pour la comprendre, il est indispensable de plonger dans son histoire, en particulier au seizième siècle, glorieux et fastueux, qui marque le point culminant de l’Empire qui arrivera jusqu’aux portes de Vienne.

Outre les avancées territoriales, c’est aussi le siècle des splendeurs architecturales. Les plus belles mosquées, medrese (écoles coraniques), mausolées, hammams, hôpitaux, ponts, aqueducs et autres imarets (hospices) datent de cette époque. Pour la majorité d’entre eux, ces édifices sont situés au cœur des villes actuelles. Ils marquent le quotidien de plus 80 millions de turcs et leur rappellent d’où ils viennent et qui ils sont, telle une gifle réitérée à un peuple humilié par deux fois au moins. Les blessures profondes qui en découlent expliquent à elles seules le soutien sans mesure aux politiques nationalistes d’abord d’Atatürk puis d’Erdogan, deux hommes forts qui ont pris en main- chacun à sa manière- la destinée du pays dans le propos de lui rendre son honneur perdu.

Alors que tout semble les opposer ces deux leaders nationalistes turcs, leur stratégie est en tout point similaire. Chacun a placé au cœur de son action la religion, mais surtout le rôle des femmes dans la société…Dans la Turquie actuelle, avec le régime que nous connaissons et l’impact des préceptes religieux qui sont utilisés, les femmes jouent pourtant un rôle majeur dans le contexte de crise économique. Laïques ou pieuses, elles s’affirment, elles revendiquent une position forte. L’obtiendront-elles ? L’histoire nous enseigne qu’il n’y a rien d’inéluctable. »

Turquie un pont entre deux rives (Editions Nevicata) (96 pages format 11,5 x 16 cm- 13,50 CHF)

A découvrir aussi  :

Dictionnaire amoureux d’Istanbul de Metin Arditi (Éditions Plon)

Cette chose étrange en moi d’Orhan Pamuk (Éditions Gallimard)

Sandrine bourgeois-Journaliste pour Color my Geneva (tous droits réservés)

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