Culture

Suzanne, désespérément

Le nouvel ouvrage Suzanne, désespérement de l’auteure genevoise Mélanie Chappuis qui co-préside avec Pierre Assouline le Festival littéraire du LÀC est une très belle découverte rafraîchissante et pleine d’originalité. La romancière qui manie à plaisir toutes les facettes de l’écriture réussit à nous tenir en haleine jusqu’au dénouement.

L’histoire…

Suzanne, le boxer de Lucienne une riche veuve a disparu du jour au lendemain, laissant sa propriétaire désespérée et désemparée. Qu’est-il arrivé à cette adorable chienne ?  A-t-elle eu un accident ? A-t-elle été enlevée ?

Touchée par cette disparition, la communauté d’une dizaine de propriétaires de chiens du quartier de Lucienne mène l’enquête. Ils se connaissent pourtant à peine mais vont dépasser leur individualisme pour tenter de retrouver l’animal. Les personnages socialement différents sont tous animés par l’amour canin et une apparente bienveillance. Ils cachent tous derrière des masques une personnalité tourmentée aux pensées inavouables.

Le titre…

Le titre Suzanne, désespérément fait penser au film “Recherche Susan désespérément”, réalisé par Susan Seidelman en 1985 dans lequel Rosanna Arquette donne la réplique à la chanteuse Madonna. Le seul parallèle entre ce deux histoires est le système d’entraide qui se noue entre les personnages. Pour choisir le nom de la chienne disparue, Mélanie Chappuis a rendu hommage à la célèbre chanson « Suzanne » de Leonard Cohen.

Derrière le masque…la nature humaine

Mélanie Chappuis a le talent de retranscrire les pensées cachées de ses personnages en montrant la dualité cocasse de la nature humaine. Elle fait entendre la voix intime des dix propriétaires de chien à la personnalité bien plus torturée que celle de leur animal. Les chapitres courts s’enchainent laissant découvrir une galerie de portraits dont Marie l’écrivaine attachante, Paul le mari discret, Lucienne dont la solitude lui pèse, …

Un roman choral attachant et drôle que je vous conseille pour les amoureux des animaux et tous les autres !

Vous pourrez retrouver Mélanie Chappuis au Festival littéraire du LÀC du 2 au 3 octobre 2021 à Collonge-Bellerive.

Le petit coin des confidences de la romancière Mélanie Chappuis à Color my Geneva

 SB : Quelles ont été vos sources d’inspiration pour écrire votre septième roman ? 

Ma source d’inspiration a été les propriétaires de chiens que j’ai rencontrés en ayant une chienne moi-même. Ce qu’ils m’ont donné à voir ou à deviner d’eux, non seulement dans leur relation à leur chien, mais bien plus largement dans leur humanité. Dans ce livre, il s’agit finalement plus des humains entre eux que des humains avec leurs chiens.  

 

SB : Propriétaire également d’une chienne, quels sont vos rapports avec votre animal ?

Quand je demande à ma fille de sortir notre boxer qui se prénomme Ella, je lui dis « va promener ta soeur », je crois que ça répond à votre question…

 

SB : Quel message souhaitez-vous délivrer à vos nombreux lecteurs ? 

Je souhaitais parler de ces mécanismes d’entraide spontanés qui se mettent en place entre humains lorsqu’une urgence apparait, non pas à un niveau mondial, parce que là on est ( au mieux) dans la solidarité, qui est verticale, plutôt que dans l’entraide, qui est horizontale, mais à un niveau plus local. En l’occurrence, dans Suzanne, c’est la disparition de cette chienne qui va permettre aux personnages de se rencontrer, de se reconnaître, malgré leurs différences de classe, de genre, d’origine ou de génération. Je voulais illustrer que dans les villes on n’est pas toujours dans la loi du plus fort, pas toujours dans la compétition et l’individualisme, mais qu’il y a des moments de grâce où l’on avance ensemble, et où ça nous rend non seulement plus forts, mais plus tendres, plus joyeux, et meilleurs.

 

-Vos lieux préférés pour promener votre chienne à Genève ? 

Le bord du Rhône, à partir du Seujet, à Genève, et jusqu’à Verbois, par exemple. Avec une affection particulière pour cette boucle qui va de Vernier à Givaudan avant de prendre la passerelle de chèvres pour revenir vers le Lignon. 

Suzanne, désespérément de Mélanie Chappuis (Fictio roman Bsn press)

  

Sandrine Bourgeois-Reporter pour Color my Geneva, tous droits réservés

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