Culture, Loisirs

“Priscilla” de Sofia Coppola : une vie avec le King

En 1959, le chanteur à succès Elvis Presley effectue son service militaire sur une base américaine située en Allemagne. Il y rencontre la jeune Priscilla, collégienne de 14 ans. Il la fascine, elle le rassure. Dix ans les séparent, peu importe ! Quand il lui demande de le rejoindre à Memphis, Priscilla décide de le suivre coûte que coûte…

“Priscilla” de Sofia Coppola

Avec Cailee Spaeny et Jacob Elordi

Date de sortie : 27 décembre 2023

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De «Lost in Translation» à «Virgin Suicides» en passant par « Marie-Antoinette », la cinéaste américaine Sofia Coppola aime filmer les jeunes femmes, surtout à la période adolescente. Leur point commun ?  Elles prennent leur destin en main, se révèlent plus complexes et indépendantes que prévu.  Sa nouvelle réalisation « Priscilla » est conforme à ses thèmes de prédilection. Inspirée par le livre «Elvis and Me» écrit par Priscilla Presley et publié en 1985, Sofia Coppola s’est attachée à raconter l’histoire folle  de Priscilla Ann Beaulieu (Cailee Spaeny) et d’Elvis Presley (Jacob Elordi) en se concentrant sur la vision de la jeune femme. Quand elle le rencontre, elle a juste 14 ans et s’enthousiasme immédiatement. Il la complimente, lui offre des cadeaux de prix, rassure ses parents… Plus dure sera la chute ! A travers ses yeux, nous découvrons deux Elvis : d’un côté l’homme attentif, généreux, respectueux de sa jeunesse, ; de l’autre la star inquiète de ne pas réussir, parfois violente, égoïste et possessive qui la manipule. Le film dépeint à merveille l’ennui de Priscilla et ses désillusions, petite fille perdue dans une grande maison, isolée dans un monde d’adulte qui n’est pas le sien. Le King lui offre un chien pour remplacer ces amies qu’elle a interdiction d’inviter chez lui…

Chronique d’un désastre annoncé

Par petite touche, avec son souci du détail habituel, Sofia Coppola s’attache à montrer comment Priscilla se glisse peu à peu dans la toile que créé Elvis autour d’elle, puis comment cette toile se fissure lentement jusqu’à ce qu’elle prenne elle-même la décision d’en sortir.  Les grands yeux de Cailee Spaeny reflètent tour à tour la fascination, l’interrogation, la stupeur, la déception puis la détermination. Son jeu est parfait et elle a justement été récompensée du prix de la meilleure actrice au festival du film de Venise. Mais jamais Sofia Coppola ne la présente comme une victime : elle est une jeune fille qui prend peu à peu conscience que la vie qu’elle mène ne lui satisfait pas.

Ceux qui attendraient un rappel des plus grands tubes du King seront déçus car Sofia Coppola a pris la judicieuse décision de n’en faire aucunement mention, sauf par petite touche (une reprise musicale de “Love me tender”, une courte scène de lui au piano). Ce n’est donc pas un film musical comme “Elvis» de Baz Luhrmann puisqu’il raconte l’histoire de… Priscilla. Elvis est volontairement cantonné au second rôle. Cette fois-ci, elle est la vraie héroïne.

Le film coproduit par Priscilla Presley elle-même a été présenté en compétition à la Mostra de Venise en 2023.

Virginie Hours, Reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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