Culture

« Les Collines de sel » d’Alexandre Schild : rencontre avec l’actrice genevoise Isaline Prévost Radeff.

Une jeune fille découvre dans le sable d’une plage de Camargue un audio-cassette. Tout au long du message que lui laisse son amie Mathilde, elle parcourt cet endroit beau et solitaire à la recherche des lieux où elles vécurent heureuses ensemble.

Les Collines de sel d’Alexandre Schild

Avec Isaline Prévost Radeff.

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Color My Geneva aime mettre en lumière le meilleur de notre canton, à commencer par la nouvelle génération d’artistes.  A l’occasion de la sortie du court métrage Cyril et Louise, nous avions donné la parole à Alexandre Schild, jeune réalisateur autodidacte et prometteur.  Depuis, il continue à se faire le porte-parole d’une génération déboussolée, en quête d’espoir et de relations fortes et durables. Son nouveau court métrage Les Collines de Sel a été présenté en première mondiale le 20 décembre au festival IndieCork en Irlande et en première suisse lors des 59es Journées de Soleure en janvier 2024. Pour raconter cette histoire, il a planté sa caméra dans un lieu qu’il connait depuis son enfance, la Camargue, et plus particulièrement près du salin d’Aigues-Mortes. Ce site existe depuis l’Antiquité (4ème siècle avant JC), grâce à un ingénieur romain nommé Peccius, chargé de produire suffisamment de sel pour couvrir les besoins alimentaires de l’Empire. Pour certains, le sel est le symbole de la vie, de l’accueil, de la fraternité. Pour d’autres, il est celui de la sagesse comme le répétait à Mathilde et son amie, cette vieille dame qui leur faisait un peu peur. Il peut aussi faire référence aux larmes versées en quittant un.e ami.e…

 Son prochain film sera un court métrage nommé Dernier soleil ; il sortira en 2024.

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Pour incarner la jeune fille à vélo, il fait appel à une actrice genevoise de 28 ans, Isaline Prévost Radeff. Sur son visage les émotions se bousculent, d’un sourire discret à des larmes qui coulent doucement sur la joue…

Rencontre avec Isaline Prévost Radeff

De nos jours, comment devient-on comédienne ?

Avec un diplôme, mais pas que… La voie recommandée est d’obtenir au moins un Bachelor d’une Haute Ecole comme la Manufacture à Lausanne, l’Academia Teatro Dimitri à Verscio ou l’Ecole de Théâtre Serge Martin à Genève. Les candidats sont sélectionnés sur concours après avoir étudié pendant 1 ans dans un cours de théâtre. Dans mon cas, je ne me plaisais pas à l’école et ma mère a décidé de m’inscrire à un cours de théâtre. Ce fut la révélation : enfin un lieu où le temps passait vite ! J’ai donc quitté le système scolaire classique à 16 ans et j’ai pris des cours en attendant d’avoir 18 ans et de passer les concours. Finalement, je suis entrée à la Manufacture où j’ai obtenu un Bachelor en art. J’ai aujourd’hui 28 ans et je ne regrette rien.

Comment avez-vous rencontré Alexandre Schild ?

A la base, je me suis toujours destinée plus au théâtre qu’au cinéma qui me semblait être un milieu assez flou. Et puis, ce monde est venu à moi grâce aux rencontres. Les rencontres sont un élément essentiel dans ce métier. J’ai entendu parler d’Alexandre Schild, j’ai vu certaines images de ses court-métrages. Et puis Cyril Metzger qui joue dans Cyril et Louise et que j’ai rencontré sur le tournage de la série Indociles de Delphine Lehericey lui a parlé de moi. On s’est rencontré et il m’a proposé le rôle.

Alexandre et vous êtes genevois. Pensez-vous qu’il existe un vivier genevois d’artistes…

A Genève, la scène culturelle est très riche. C’est vrai que nous sommes plusieurs de Genève est que le fait d’avoir vécu au même endroit avec les mêmes repères rapprochent. D’ailleurs, mon cousin Arcadi Radeff (qui vient de recevoir au festival de Soleure le prix du meilleur second rôle pour les séries Les Indociles réalisée par Delphine Lehericey et Délits mineurs de Nicole Borgeat), genevois lui aussi, va bientôt jouer dans le prochain film d’Alexandre.

Plus généralement, le milieu bouge en Suisse et se fait de plus en plus connaître. Si ma référence reste Meryl Streep que je considère comme la plus grande actrice de notre siècle, j’apprécie de nombreux artistes suisses comme la comédienne Maud Wyller, qui est nommée dans la catégorie du meilleur second rôle pour le cinéma suisse dans le film La voie royale, la réalisatrice Ursula Meier ou la genevoise Carmen Jaquier. Récemment, j’ai adoré Laissez-moi le dernier film de Maxime Rappaz, un autre genevois, je l’ai trouvé bouleversant et d’une grande sensibilité.

Quels sont projets ?

Je vais bientôt tourner à Marseilles les prémices d’un long métrage avec une jeune réalisatrice française. Je pars ensuite à Bilbao fin mars pour jouer dans une série de la RTS intitulée En eau salée. Ca se passe bien…

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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