Culture, Loisirs

Dans « Corsage » sur grand écran, Sissi se rebelle !

Elisabeth d’Autriche et de Hongrie (remarquable Vicky Krieps) n’en peut plus. L’année 1878, alors qu’elle a tout juste 40 ans, elle décide de se sauver, d’elle-même, et des autres… Petit à petit, elle change ses habitudes, voyage, s’éloigne de la cour et de ses carcans. Avec la complicité de sa dame de compagnie, elle abandonne peu à peu le corsage et ose une nouvelle vie.

 

“Corsage” de Marie Kreutzer avec Vicky Krieps, Colin Morgan, Florian Teichtmeister, Tamás Lengyel.

Sortie France : 14 décembre 2022

Sortie Suisse : 25 janvier 2023

****

Que tous ceux qui sont nostalgiques de la prestation de Romy Schneider dans la série « Sissi » passent leur chemin ! La réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer nous propose dans son nouveau film, une vision toute personnelle d’Elisabeth d’Autriche. Elle reste fidèle à de nombreuses obsessions qui faisaient sa renommée : sa chevelure extraordinaire (qui mesurait 1,70 mètres et nécessitait 3 heures d’entretien par jour), sa taille dont on disait qu’elle était la plus fine d’Europe, la salle de gymnastique du palais de Schönbrunn, son refus de poser pour les portraits officiels… Cependant, elle s’éloigne du biopic classique en revisitant l’histoire et en dépoussiérant son image. Sa Sissi se révèle frondeuse, mutine (elle feint les évanouissements pour se libérer des visites protocolaires), pleine de vitalité et de rage. Elle ose des gestes décalés (un doigt d’honneur), hurle, fume. Peu à peu, elle glisse vers une forme de folie…

Le corsage devient le symbole de ce carcan dont elle veut se détacher sous peine de mourir. « Le port du corset a été une expérience singulière » a expliqué Vicky Krieps dans une interview. « Je ne pouvais consommer que des aliments liquides et cette étroitesse a beaucoup joué sur les émotions. Quand je le mettais, je devenais triste. Quand je l’enlevais, la joie et le rire revenaient ». En le rejetant, Elisabeth incarne également le déclin d’une époque et d’un empire sclérosé voué à disparaître.

Maria Kreutzer s’inspire du « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola et s’offre elle-aussi des libertés. Elle accompagne ce glissement d’une musique moderne et classique à la fois (œuvre de la musicienne française Camille, sacrée meilleure création sonore au Festival de Cannes 2022) et y ajoute des éléments anachroniques. Elle fait ainsi le lien avec notre société actuelle et prouve que le poids du regard des autres est toujours difficile à supporter de nos jours. « L’important est de laisser une belle image » dit Elisabeth face au portrait de sa fille aînée décédée encore bébé.

L’actrice Vicky Krieps campe une Elisabeth d’Autriche parfaite, forte et fragile ; elle a justement remporté le prix d’interprétation au Festival de Cannes dans la section Un certain regard, en 2022.

Un film étonnant et inspirant.

Elisabeth d’Autriche à Genève

Elisabeth d’Autriche et sa dame de compagnie descendent à l’hôtel Beau-Rivage incognito. Cependant, les journaux révèlent sa véritable identité peu après son arrivée. Luigi Lucheni, un anarchiste italien installé depuis peu en Suisse,  projetait d’assassiner le Prince d’Orléans. Celui-ci tardant à venir, la lecture des journaux le fait changer d’avis… Les deux femmes décident de se rendre à Montreux en bateau. Sur le chemin menant à l’embarcadère, elles croisent l’italien qui poignarde l’impératrice. Elle décède à l’hôtel Beau-Rivage le 10 septembre 1898. Le 12 septembre, près de 15 000 personnes se rassemblent devant l’hôtel pour lui rendre un dernier hommage. Son corps est transporté à Vienne par train spécial.

Une statue la représentant se trouve sur le quai du Mont Blanc. Elle a été réalisée par l’artiste écossais Philipp Jackson  et inaugurée en 1998 à l’occasion du centenaire de sa mort.

Le saviez-vous ?

En 1890, Elisabeth d’Autriche avait décidé que ses poèmes rédigés entre 1885 et 1886, seraient remis au Président de la Confédération helvétique 60 ans plus tard. Aussi, le 3 juillet 1951, le Président Eduard von Steiger reçut des mains du duc de Bavière la cassette dans laquelle étaient conservés ces écrits. Il en confia la conservation aux Archives fédérales suisses.

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

À lire aussi