Culture, Famille

Avec « L’Improbable voyage d’Harold Fry », on se met en route !

Harold Fry (Jim Broadbent), fraîchement retraité s’ennuie dans son pavillon de petite ville anglaise près de son épouse un brin maussade (Penelope Wilton). Un jour, il reçoit le courrier d’une amie lointaine qui lui annonce qu’elle est atteinte d’un cancer. Il décide alors de lui envoyer un courrier en réponse… mais sa démarche va le mener au-delà du coin de sa rue !

Film de Hettie MacDonald  avec Jim Broadbent et Penelope Wilton

Sortie Suisse romande : 31 mai 2023

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Depuis plusieurs années, le cinéma se délecte de road movies improbables au scénario très similaire. L’idée reste la même : face à un drame ou aux difficultés rencontrées par un (plus ou moins) proche, le héros se met en route, physiquement et symboliquement. Dans son sillage, la société en léthargie se redécouvre une raison de vivre et de s’enthousiasmer. On peut citer le film de David Lynch « Une histoire vraie » mettant en scène Alvin, un vieillard de 73 ans qui décide de rejoindre son frère mourant et parcourt 563 kilomètres sur son tracteur-tondeuse ; plus récemment, Timothy Spall jouait un veuf dans « The last bus » qui utilise sa carte de bus gratuite pour parcourir l’Angleterre et remplir une promesse faite à sa femme décédée. Cette fois-ci avec « L’Improbable voyage d’Harold Fry », la réalisatrice Hettie MacDonald brosse le portrait d’un retraité dépressif qui se met en route pour redonner de l’espoir à son amie malade Queenie Hennessy.

Alors, quelle est la petite musique particulière de ce nouvel opus british?

Au départ, « Harold Fry » est une série radiophonique de la BBC. Puis, Rachel Joyce en a fait un livre (qui devint un best seller) « La lettre qui changea le destin d’Harod Fry arriva le mardi… », suivi de « La lettre de Queenie » et « Maureen Fry et l’ange du Nord » formant ainsi une trilogie. Le film garde le même esprit puisque Rachel Joyce est la scénariste du film.

« L’improbable voyage » est avant tout un voyage de rédemption. Avec délicatesse et au fil des kilomètres, Hettie MacDonald nous dévoile les zones d’ombre d’Harold et les véritables raisons qui motivent cette marche. Pourquoi souhaite-t-il absolument « faire quelque chose » alors que jusqu’à présent, il n’avait « rien fait » ? La réalisatrice met en parallèle le comportements des deux époux sans juger. Face à la folie de son mari, son épouse Maureen s’enferme dans sa maison vide avant de réagir. Elle passe de la sidération au déni, puis à la révolte tandis qu’Harold marche et souffre : chacun à leur manière, ils vivent le processus d’un deuil que ni l’un ni l’autre n’avait réussi à faire. Hettie MacDonald en profite aussi pour aborder des questions de foi, de résilience, d’espoir. Elle pose aussi la question des soins palliatifs et de la nécessité de croire en sa propre guérison. Elle n’hésite pas à faire un clin d’oeil à « Forrest Gump » et à sa cohorte de fans qui le suit sans relâche comme un nouveau messie. Elle brosse aussi le portrait d’une jeunesse perdue que les adultes sont impuissants à aider malgré leur bonne volonté. A travers le terne Harold qui passe de l’ombre à la lumière, le film reflète l’état d’esprit d’une société en perte de repère mais qui espère toujours.

« L’Improbable voyage d’Harold Fry » se révèle plein de (bonnes) surprises avec une histoire moins convenue que prévu. Il n’est jamais trop tard pour se mettre en route.

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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