Culture, Loisirs

“Adios Buenos Aires” sur grand écran : un hymne au Tango et à la fidélité

En novembre 2001, l’Argentine est en pleine récession économique. Les manifestations contre la vie chère succèdent aux coupures d’électricité. Au-milieu de ce marasme, un groupe de musiciens appelé “Vecinos de Pompeya” continue à faire ce qu’ils aiment et qui les aident à supporter la vie quotidienne : jouer du tango. Mais comme de nombreux autres compatriotes, le bandéoniste Julio Färber se prépare à émigrer en Allemagne avec sa mère et sa fille… Et rien ne se passe comme prévu.

 Adios Buenos Aires de German Kral
Avec Diego Cremonesi et Marina Bellati Partir, c’est mourir un peu…

Date de sortie : 28 février 2024

***

Le film commence alors que le chanteur du groupe annonce qu’il les quitte pour s’expatrier… Cri et vocifération de la part de ses compagnons qui jurent qu’ils ne quitteront pas le navire qui sombre. Mais le bandéoniste Julio Färber est plus taiseux puisque lui-même a été chercher un visa pour l’Allemagne le matin même. A la télévision, les manifestations contre un gouvernement incapable et corrompu se succèdent… La caméra va donc le suivre dans ses préparatifs, ces moments où il se détache de ce qui le retient à sa ville natale : il vend son magasin, résilie le bail de son appartement, trie ses affaires, essaie de convaincre sa fille que partir est la meilleure solution. Mais tout semble se liguer contre lui, comme si la ville et ses habitants ne souhaitaient pas le laisser partir. Et pourtant, ce film n’est pas triste, juste un peu mélancolique, teinté de beaucoup d’humour et surtout marqué par une bande-son étonnante. Car le bandéoniste continue de jouer avec ses compagnons d’infortune qui se mettent en tête de retrouver un chanteur.

La ville de Buenos Aires et le Tango sont indissociable dans l‘inconscient de tout un chacun.

Le tango est à la fois une danse et une musique qui fait partie de la vie quotidienne des habitants de Buenos Aires. Ils l’écoutent partout et tout le temps : à la radio, à la télévision, dans les taxis, dans les magasins… Et le réalisateur German Kral sait de quoi il parle, lui qui est né à Buenos Aires en 1968 et vit en Allemagne depuis 1991. Pour lui, dont la grand-mère chantait toujours les mêmes chansons aux fêtes de famille, le tango est un pont entre son pays d’origine et son pays d’adoption. En 2015, il se lance et réalise un documentaire-hommage à un couple de danseurs ayant révolutionné la pratique du tango dans El último tango. Dans Adios Buenos Aires, il s’attache davantage à la musique et  utilise de grands airs pour suivre les mésaventures et les états d’âme , non seulement de Julio Färber, mais de l’ensemble des protagonistes. Les tangos les plus connus ont été écrits entre 1930 et 1960 et les paroles sont le reflet des espoirs, des déceptions, de la passion ou de l’humour des « portègnes », nom donné aux habitants en raison de l’omniprésence du port. C’est pourquoi German Kral a choisi de faire entendre le long du film certains des plus grands airs comme « Pasional », « Desencuentro », « Cambalache » ou « Honrar la vida ». Pour l’interprétation, il a fait appel à des références Argentines comme le pianiste Fulvio Giraudo, le bandéoniste Nicolás Enrich et le le chanteur Carlos Morel.

C’est ainsi que le tango devient un personnage à part entière, comme un ami toujours présent. Car ce film est aussi un hommage aux gens “simples”, ceux qui refusent de se mêler à un système corrompu et veulent rester fidèles à leurs principes et à leurs idéaux jusqu’au bout. Une belle déclaration d’amour.

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

À lire aussi